| Sam 23 Juil - 17:48 | | Je soupirais lourdement lorsque je me rendis compte que je venais de lire la même ligne pour la troisième ou la quatrième fois, sans pour autant réussir à la fixer dans mon esprit. Mécontente, je glissais un marque-page dans le livre que je lisais et massais mes yeux endoloris. Nous étions samedi, il faisait un temps magnifique, pour une fois, et pourtant je n'avais pas mis un orteil dehors de toute la journée. Levée aux aurores, j'avais déjeuné aussi tôt que possible afin de me précipiter à la bibliothèque dès son ouverture. J'avais fait une seule et unique pause dans ma journée studieuse pour aller manger un morceau à midi.
Et pourquoi m'acharnais-je autant? Pour un fichu test de potions. Je voulais vraiment obtenir la note maximale, cette fois-ci. Même si c'était juste cette fois-ci, ça m'allait. Je voulais prouver à ma mère qu'elle avait tort de me traiter comme si j'étais une imbécile, mais c'était tout sauf une tâche aisée… Quand je ne faisais pas plus d'efforts que de bien suivre en cours et relire régulièrement, j'étais une élève moyenne. En travaillant un peu plus, en faisant des fiches par exemple, j'arrivais sans trop de difficultés dans la moyenne supérieure. Mais au-delà de ça, le moindre point supplémentaire me demandait des efforts considérables.
Avec un nouveau soupir, j'évaluais ce que je savais déjà et ce qu'il me restait à étudier, tout en passant machinalement une main dans mes cheveux. Objectivement, je pourrais assurément obtenir la moyenne et même plus que ça si j'avais un peu de chance sur le sujet. J'avais encore la soirée et toute la journée du lendemain pour réviser. Je fermais donc sèchement le livre et me dirigeais vers la sortie d'un pas vif. Je n'avais qu'une hâte : m'effondrer dans un fauteuil dans ma salle commune et me reposer les yeux et l'esprit.
J'étais sur le point de sortir de la bibliothèque lorsqu'une camarade m'adressa un signe de la main pour me saluer, et je tournais la tête pour faire de même en lui adressant un petit sourire poli. Grossière erreur. Je m'apprêtais à regarder devant moi, comme je n'aurais jamais dû cesser de le faire, quand je percutais quelqu'un et fis tomber un livre que cette personne devait, selon toute vraisemblance, tenir jusqu'à notre collision.
"Je suis désolée!"
Fis-je aussitôt, bien qu'à voix relativement basse pour ne pas m'attirer les foudres de Madame Pince, tandis que je me baissais pour ramasser l'ouvrage. Celui-ci s'était ouvert dans sa chute, et une page avait été pliée dans l'incident. Je venais de prendre une inspiration pour présenter des excuses plus convenables lorsque, me redressant, je vis que c'était Isobel que j'avais heurtée. Une des personnes avec qui ça s'était le plus mal passé lors de ma première année.
"Je te prie de bien vouloir m'excuser, je n'ai pas regardé devant moi."
Déclarais-je donc, tandis que je lissais avec soin la page du livre, sans grand succès puisqu'une trace demeurait visible.
"J'expliquerais à Madame Pince que je suis responsable, pour le livre. Je ne voudrais pas que tu sois disputée ou punie par ma faute." |
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